Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que du plus grand des assaillants. C’était précisément celui qui courait à la tête des autres. La pierre rejaillit du casque de cet homme sur le bouclier de son camarade, et de là sur la figure d’un troisième, qu’elle blessa entre les deux yeux. Chacun des trois croit avoir été frappé par son voisin, et les voilà aux prises ensemble, au lieu de suivre leur première impulsion. La confusion règne sur toutes les lignes. Ils se taillent, se hachent, se déchirent, s’égorgent à qui mieux mieux. Ce ne sont que bras abattus, têtes fendues, jambes séparées du tronc, enfin une foule d’exploits qui remplissent d’admiration notre heureux et intrépide spectateur. Il ne pouvait pourtant pas s’empêcher de rire à la vue de ces êtres si pleins de vie et de vigueur, se vengeant les uns sur les autres d’une offense que lui seul avait commise. En un espace de temps d’une brièveté vraiment incroyable (presque aussi court que celui qui avait suffi pour voir naître ces déterminés combattants), il n’en demeura debout qu’un seul sur le théâtre de la mêlée. Le reste avait succombé. Les cadavres jonchaient la terre. Quant au dernier survivant, le plus brave et le plus vigoureux de la bande, il eut tout juste assez de force pour brandir son fer ensanglanté au-dessus de sa tête et jeter un cri d’enthousiasme :

« Victoire ! victoire ! Gloire immortelle ! »

Puis il tomba au milieu de ses frères massacrés.