Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Telle fut la fin de l’armée éclose des dents du dragon. Cette lutte à outrance fut la seule jouissance que ces hommes goûtèrent sur cette terre qui, je le répète, offre aux mortels tant de délices.

« Qu’ils dorment en paix au champ d’honneur, dit la princesse Médée en lançant à Jason un sourire malin. Le monde sera toujours amplement fourni de niais semblables, combattant et expirant pour des raisons qu’ils ignorent. Ces pauvres gens s’imaginent que la postérité prendra la peine de couronner de lauriers leurs casques rouillés et défoncés. N’était-ce pas risible, prince, de voir ce drôle prétentieux crier ainsi avant de s’abattre sur le sol ?

— Ce spectacle m’a attristé, moi, répondit notre généreux ami ; et, pour vous dire la vérité, princesse, la fameuse Toison d’or ne vaut plus à mes yeux le mal qu’il faut se donner pour l’acquérir. J’en ai trop vu.

— Vous aurez changé d’idée demain matin ! Au fond, la Toison d’or n’a peut-être pas tout le mérite que vous lui attribuiez auparavant, mais enfin il n’y a rien de plus précieux dans le monde ; et on veut toujours avoir quelque chose à soi, vous savez. Venez ! vous avez bien travaillé cette nuit, et au jour, vous informerez le roi Aétès que la première partie de votre tâche est accomplie. »

Conformément aux avis de Médée, Jason se présenta de bonne heure au palais du roi Aétès. En