Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/360

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qu’ils projetaient était si épaisse, que les rayons de l’astre de la nuit ne parvenaient pas à percer les ténèbres éternelles de cette enceinte sacrée ; seulement, çà et là, une lueur douteuse tombait sur le sol jonché de feuilles mortes, ou, d’intervalle en intervalle, le vent écartait les branchages des fourrés. Jason profitait de cette circonstance pour ne pas oublier entièrement la couleur du firmament : car sans cela, il aurait pu se figurer qu’il n’y avait plus de ciel au-dessus de sa tête, tant l’obscurité était complète. Après avoir marché ainsi en s’enfonçant de plus en plus dans de sombres détours, Médée lui serra la main.

« Regarde là-bas ; vois-tu ? » lui dit-elle.

Parmi les chênes aux rameaux gigantesques et majestueux, resplendissait un foyer de lumière éclatante, bien autrement radieux qu’un reflet de la lune ; on eût plutôt dit un soleil qui se reposait dans le fond d’or d’un ciel glorieux. Le rayonnement jaillissait d’un objet suspendu à hauteur d’homme, un peu plus loin, dans l’intérieur du bois.

« Qu’est-ce ? demanda Jason.

— Es-tu venu si loin à sa recherche pour ne pas reconnaître au premier coup d’œil le but de ton expédition et le terme de tes périls, quand tes yeux en demeurent éblouis ? C’est la Toison d’or. »

Jason s’avança de quelques pas et s’arrêta de