Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/359

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Jason et la princesse Médée se glissaient, marchant côte à côte, à travers les rues de Colchos, et se dirigeaient vers le bois sacré, au centre duquel la Toison d’or était suspendue à un arbre. Tandis qu’ils passaient par le pâturage des taureaux, ces animaux vinrent au-devant de leur vainqueur, baissant et balançant la tête. Ils allongeaient même leurs museaux, à la façon des autres bestiaux, pour se faire gratter et caresser par une main amie. Leur nature de feu était calmée, et, avec leur férocité, les deux fournaises jadis allumées dans leur poitrine s’étaient éteintes. Probablement ils trouvaient plus de volupté que jamais à brouter les tendres pousses de la plaine, à ruminer comme de bons et simples taureaux. N’était-ce pas en effet un supplice pour ces pauvres bêtes ? quand l’envie leur prenait de savourer une touffe de gazon, le souffle de leurs naseaux desséchait soudain l’herbe fraîche avant qu’elle ne pénétrât dans leur gosier. Je ne peux pas m’imaginer comment ils étaient parvenus à entretenir leur malheureuse existence. Mais depuis ce temps-là, au lieu de vomir des jets de flamme et des torrents de vapeurs sulfureuses, leur respiration était aussi parfumée que celle de la première génisse venue.

Après leur avoir doucement caressé la tête, Jason suivit Médée jusque dans le bois du dieu de la guerre. Là s’élevaient des chênes séculaires ; l’ombre