Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/364

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Le monstre alors sembla se douter que quelque autre créature vivante se trouvait à sa portée. Cette faible proie excitait probablement sa voracité : il allongeait de tous côtés sa tête hideuse, donnant à son cou un développement épouvantable, flairant çà et là entre les arbres, et même près du chêne derrière lequel Jason et la magicienne se tenaient cachés. Vous me croirez aisément ; quand cette tête vint, en se balançant et en ondulant sur son long cou, presque à une longueur de bras de l’endroit où se blottissait le prince, ce devait être un spectacle à faire frissonner. La gueule ouverte du monstre présentait une ouverture pour le moins aussi large que la porte du palais d’Aétès.

« Eh bien ! mon ami, murmura Médée (car c’était une nature perverse, comme le sont toutes les enchanteresses, et elle cherchait à épouvanter le héros), que pensez-vous maintenant de ce qui vous reste à faire pour enlever la Toison d’or ? »

Celui-ci, pour toute réponse, tira son glaive, et il allait se précipiter en avant.

« Demeurez ! vous êtes fou ! dit-elle en lui saisissant le bras. Ne comprenez-vous pas que vous vous perdez sans mon secours, et que je suis votre bon génie ? Vous voyez cette cassette d’or ; elle contient une potion magique qui arrêtera le dragon beaucoup mieux que votre épée. »

L’attentif et terrible gardien avait probablement