Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/365

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entendu leurs paroles : car avec la rapidité de l’éclair, sa tête noire et sa langue fourchue s’allongèrent d’une quarantaine de pieds. Au moment où cette gueule béante va presque les effleurer, Médée jette le contenu de la cassette d’or dans l’horrible gosier. Soudain la gorge du monstre se contracte et se replie en lançant un sifflement effroyable ; sa queue se tortille jusqu’au sommet de l’arbre le plus élevé, et fait voler en éclats toutes les brandies en se déroulant jusqu’à terre, où il tombe lui-même et demeure inanimé.

« Ce n’est qu’un narcotique violent, dit la magicienne à son protégé. On a toujours besoin, dans un temps ou dans un autre, de ces créatures nuisibles. Pour ce motif, je n’ai pas voulu le tuer du coup. Hâtez-vous, saisissez votre butin, et partons immédiatement. Vous avez achevé votre conquête. »

Jason détacha la toison de l’arbre. Tandis qu’ils traversaient à grands pas le bois, les ténèbres disparaissaient pour faire place à une illumination splendide sur le passage de sa précieuse dépouille. À une petite distance de son chemin, il aperçut la vieille femme accompagnée de son paon, qu’il avait aidée à traverser le torrent. Elle frappa des mains en signe de joie, et, lui ayant recommandé de se dépêcher, disparut dans l’ombre des grands arbres. Un peu plus loin, il découvrit à quelques cen-