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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/56

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vorer Thésée et le reste de ses compagnons, si une bête féroce n’eût pas été là pour lui en éviter la peine. Comme il ne voulut pas entendre un seul mot de plus en leur faveur, les prisonniers furent emmenés et plongés dans un cachot dont le geôlier les avertit de se livrer au sommeil au plus vite, car le Minotaure avait l’habitude de demander son déjeuner de bon matin. Les sept jeunes filles et six des jeunes garçons, épuisés par la douleur et les sanglots, tombèrent bientôt endormis. Thésée seul resta debout. Se sentant supérieur à eux en courage et en force, c’était pour lui un devoir de protéger leur vie, d’une manière ou d’une autre, de les défendre et de les sauver à tout prix. Aussi se tint-il éveillé pendant la nuit entière, marchant en tous sens dans la prison où ils étaient renfermés. Un peu avant minuit la porte s’ouvrit lentement, et la gracieuse Ariane apparut, une torche à la main.

« Êtes-vous éveillé, prince Thésée ? murmurat-elle.

— Oui ! répondit-il ; quand il me reste si peu de temps à vivre, je ne veux pas le perdre à dormir.

— Eh bien, suivez-moi et marchez doucement. »

Ce qu’étaient devenus les geôliers et les gardes, Thésée ne le sut jamais. Quoi qu’il en fût, Ariane ouvrit toutes les portes, et Thésée respira bientôt dans une atmosphère pure et libre, où resplendissait un magnifique clair de lune.