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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/22

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étape, et 1814 la seconde, l’année 1871 marquera la troisième par l’avènement officiel, pour ainsi dire, des nationalités. Mais ce sera la consécration d’un état de choses ancien, plutôt que l’apparition d’un principe nouveau. Dans ce sens, le rude coup qui vint nous frapper alors, et dont nous saignons toujours, n’a pas eu la gloire d’ébranler notre hégémonie. Qui niera que nos défaites nous aient fait perdre une partie de notre clientèle ? Notre langue a pu être abandonnée par ceux qui croient trouver la science, voire la culture, dans les pays qui comptent le plus de soldats et le plus de canons. Ceux-là reviendront de leur illusion ; ils en sont déjà revenus. Ajoutons encore que la victoire, développant le commerce et l’industrie, exaltant les forces d’un pays, l’engage à projeter au dehors des activités multiples, capables de préparer pour la langue de vastes et lointaines conquêtes : n’était le caractère de la langue elle-même, qui se trouve, à l’épreuve, incapable de conquérir.

Mais quelle que soit l’importance de ces pertes, elles n’ont rien changé à l’évolution commencée. Nous aurions été vainqueurs à