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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/50

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hâte de le satisfaire pour le plus grand bien d’autrui. Mais que n’appliquent-ils à la propagation du français cette bonne volonté qui déborde ? Que ne tournent-ils leurs ardeurs vers une tâche à laquelle tout les convie, la tradition de leur race, un passé glorieux, des succès qui encouragent, et la demande même de l’étranger ? Ils n’en rempliront que plus aisément leurs desseins. La besogne est prête ; elle attend les ouvriers.

Plus dangereuse qu’une concurrence serait une déformation.

La « bassesse des figures », disait Rivarol en examinant les causes qui d’ordinaire corrompent les langues, amènerait la décadence du français : mais elle n’est pas à craindre. Nous ne reprendrions pas son affirmation avec la même sécurité. Les « mots bas » tendent à monter dans notre langue ; l’argot l’abâtardit. Le laisser-aller général donne au respect une apparence de purisme attardé ; comme dans les mœurs, on confond la liberté avec la licence ; on cherche le pittoresque dans le ruisseau. Pourtant, ce ne serait pas une bonne démocratie du langage que celle où toutes les expressions voisineraient sur un pied d’égalité, les plus pures