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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/49

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dialecte international, sans caractère, sans couleur, impuissant à exciter même la jalousie. Les propager en France, ce serait commettre, au contraire, un véritable crime de lèse-patrie. Nous possédons une langue universelle, qui est le français. Qu’on ne vienne pas nous dire qu’il s’agit de créer un instrument commode, dont l’utilité ne dépasse pas les besoins pratiques de l’existence, et sans ambitions littéraires. Commode et pratique, notre langue l’est aussi. Pour qu’il y ait au monde des gens qui la considèrent comme un élément de culture humaine, il faut qu’il y ait d’abord des gens qui trouvent à la parler un intérêt matériel et grossier. Tout royaume divisé contre lui-même périra ; notre position est solide : pas assez pour que nous nous donnions le luxe de l’attaquer ; ou seulement pour que nous nous passions de ceux qui peuvent la défendre, quand l’heure est venue de lutter pour le bon renom de la patrie.

En effet, nous reconnaissons volontiers qu’il y a parmi ceux qui nous desservent ainsi de bons esprits, et même d’excellents. Ils sentent avec force le besoin d’universalité qui inquiète notre époque, et ils ont