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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/52

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loin le scrupule en ce sens que nous hésiterions à changer sa forme extérieure, même pour l’améliorer : du moins ne le ferions-nous qu’avec une prudence extrême. Son orthographe n’est point parfaite : qui l’ignore ? Les hommes de la Renaissance l’ont chargée de lettres parasites, contraires aux lois de la phonétique, contraires au bon sens. Elle porte la trace d’étymologies effrontément fausses. Elle offre des contradictions flagrantes. Mais quoi ? Telle était déjà, à peu de chose près, l’orthographe de Racine ; c’est elle qui a servi à Voltaire et à Rousseau ; les chefs-d’œuvres de nos romantiques l’ont consacrée. Il y a une impression qui est plus forte que tous les raisonnements : c’est celle d’un enlaidissement, quand nous la voyons apparaître sous l’aspect inattendu que la logique lui donne. Ayons donc pour le préjugé l’indulgence des sages. Permettons qu’on supprime, si on y tient beaucoup, un t illégitime devant un s ; réduisons l’x à plus de modestie : mais n’allons pas présenter tout d’un coup aux étrangers une langue dont ils ne reconnaîtraient plus l’apparence ! De même pour la syntaxe, dont quelques règles, par exception, embarrassent