doucement comme un dormeur gémit dans ses rêves.
— Hâtez-vous, mon fils, hâtez-vous, s’écria le Boddhisattva. Car la journée est brève et la cime est encore très éloignée.
Mais le pèlerin poussa un cri perçant :
— J’ai peur ! J’ai inexpressiblement peur ! Et la force m’a abandonné.
— Elle vous reviendra, mon fils, répondit le Boddhisattva. Regardez au-dessous de vous, et au-dessus et de tous les côtés et dites-moi ce que vous voyez !
— Je ne le puis, cria le pèlerin en tremblant et en s’agrippant à lui. Je n’ose regarder au-dessous de moi, car devant moi et tout autour je ne vois que des crânes humains.
— Et pourtant, mon fils, dit le Boddhisattva en riant doucement, pourtant vous ne savez pas encore de quoi est composée cette montagne !
Et l’autre, frissonnant, répéta :
— J’ai peur… j’ai inexpressiblement peur, car je ne vois rien d’autre que des crânes humains.