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mauvaise fortune que nous a promise un devin quelconque. Car ce serait un grand malheur de voir vraiment notre avenir. Imaginez ce qui résulterait si nous savions que d’ici deux mois nous devrons éprouver un terrible malheur contre lequel il nous est impossible de nous protéger.

Il était déjà un homme âgé lorsque je le vis pour la première fois, en Izumo. Il avait certainement plus de soixante ans, mais il paraissait beaucoup plus jeune. Plus tard je le rencontrai à Osaka, à Kyotô et à Kobe. J’essayai plus d’une fois de le retenir chez moi pendant les mois glacés d’hiver, car il possédait une connaissance extraordinaire des traditions, et eût pu m’être d’un service inestimable au point de vue littéraire. Mais je ne pus jamais le garder chez nous plus de deux jours à la fois, car l’habitude de vagabonder était devenue chez lui une seconde nature, et il avait un amour de l’indépendance aussi farouche que celui des romanichels.

Il venait tous les ans à Tokyô, en général à la fin de l’automne. Il errait à travers la ville