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Page:Hearn - Au Japon spectral, 1929.pdf/161

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— Il n’est guère étonnant que vous ne me reconnaissiez pas sous cette forme, répliqua le moine. Je suis le vautour que ces cruels gamins tourmentaient à Kita-no-Oji. Vous m’avez sauvé la vie : or il n’y a rien au monde de plus précieux que la vie. Donc, maintenant je voudrais vous rendre votre bonté d’une façon ou d’une autre. Dites-moi, je vous en prie, s’il y a quoi que ce soit que vous désiriez posséder, savoir ou voir, — enfin si je puis vous rendre quelque service. Car, comme je possède à un petit degré les Six Pouvoirs, je suis à même d’exaucer presque tout désir que vous exprimerez.

En entendant ces mots, le prêtre devina qu’il parlait à un tengu, et il lui répondit franchement :

— Mon ami, voici longtemps que j’ai cessé d’aimer les choses de ce monde. J’ai maintenant soixante-dix ans ; ni la célébrité ni le plaisir n’ont plus aucun attrait pour moi. Je ne m’inquiète plus que de ma future réincarnation ; mais il est inutile de poser des questions à ce sujet, car personne ne saurait m’ai-