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lui permettre de gagner l’affection du jeune homme en répétant souvent l’invocation de la secte de Nichiren : Namu myô ho rengé kyô !

Mais elle ne revit jamais le jeune inconnu ; et elle se consuma de désir pour lui et tomba malade ; elle mourut et on l’enterra. Après son enterrement, la robe aux longues manches qu’elle avait tant aimée fut présentée au temple bouddhique dont ses parents étaient paroissiens. Car c’est une vieille coutume que de disposer ainsi des vêtements des morts.

Le prêtre put vendre la robe un bon prix, car elle était en soie coûteuse et ne portait nulle trace des larmes qui l’avaient tachée. Ce fut une jeune fille du même âge que la morte qui l’acheta. Elle ne la porta qu’un seul jour. Puis elle tomba malade et se mit à agir étrangement ; elle criait qu’elle était hantée par la vision d’un très beau jeune homme, et qu’elle allait mourir par amour pour lui. Et peu de temps après elle mourut, et la robe aux longues manches fut présentée au temple pour la deuxième fois.

Le prêtre la vendit de nouveau ; elle devint