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fants montent à califourchon sur son dos et la taquinent à volonté. Mais, bien qu’elle ait parfois effrayé les étrangers, il ne lui arrive jamais de grogner à un enfant. Et sa patience et sa bonne humeur sont récompensées par l’amitié de la communauté.

Les voisins défendent ses intérêts lorsque les tueurs de chiens font leur ronde bi-annuelle. Une fois, elle fut sur le point d’être officiellement exécutée, lorsque la femme du maréchal-ferrant arriva à son secours et plaida sa cause avec succès auprès de l’agent qui surveillait les massacres.

— Il faut inscrire le nom d’un propriétaire quelconque sur cette chienne, dit ce dernier. À qui appartient-elle ?

Question difficile !

La chienne était à tout le monde et à personne : partout elle était la bienvenue, et pourtant elle n’appartenait nulle part.

— Mais où demeure-t-elle ? demanda le policier intrigué.

— Elle demeure dans la maison de l’étranger, répondit la femme du forgeron.