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Je fis donc teindre mon nom sur le dos de la chienne en grands caractères japonais. Mais les voisins ne l’estimèrent pas suffisamment protégée par un seul nom. Alors le prêtre de Kobudera peignit le nom du temple en beaux caractères chinois sur son côté gauche, et sur son côté droit le forgeron traça le nom de sa forge, et le marchand de légumes dessina sur son poitrail les idéographes qui signifient « huit cents », abréviation ordinaire du mot yaoya ; (marchand de légumes), car tout le monde sait qu’un yaoya vend plus de huit cents choses différentes.

Donc, maintenant c’est une chienne très curieuse, mais grâce à toute cette calligraphie elle est bien protégée.

Je ne lui connais qu’un seul défaut. Elle hurle la nuit. Hurler, c’est un des seuls plaisirs pathétiques de son existence. Au début, j’essayai de lui faire perdre cette habitude par la peur. Mais, découvrant qu’elle refusait de me prendre au sérieux, j’ai décidé de la laisser faire. C’eût été monstrueux de la battre.

Et pourtant je déteste son hurlement. Il