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DES IDÉES.

avec eux que les notions générales sont plus incomplètes ou moins vraies que les autres, et d’autant plus incomplètes qu’elles sont plus générales. Et c’est précisément pour cela, ajoutent-ils, qu’on peut appliquer la même notion générale à plusieurs choses et non pas seulement à une seule. Ainsi, plus les idées sont élevées, dans cette hypothèse, plus elles s’écartent de la réalité ou de la vérité, et plus elles sont susceptibles, par conséquent, de s’appliquer à un grand nombre de choses. D’où nous sommes obligés de tirer cette règle générale que plus les notions se généralisent ou s’étendent, plus elles perdent de leurs propriétés ou de leur réalité ; ce qui, de déduction en déduction, nous conduit à conclure que la notion dernière ou notion de Dieu, qui devrait être la plus complète ou la plus riche de toutes, se réduit à celle de l’Être suprême, qui est la plus pauvre de toutes.

Fort heureusement, il n’en est point ainsi. Il est digne des temps barbares de croire que les mots Bucéphale ou Martin expriment des idées ou notions, et de dire que ces prétendues notions sont plus riches que les autres parce qu’elles expriment des choses individuelles. Les idées les plus générales ou les plus élevées, loin d’être, pour cela seul, les plus pauvres de toutes, sont au contraire les plus riches.