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chapitre i.

mathématiques la plus populaire des sciences abstraites. Car chacun sent, en quelque sorte, par instinct, que pour bien agir il faut bien penser, et que, par conséquent, la science qui étudie les lois de la pensée mérite l’attention de tout être raisonnable. Et comme il n’y a ni science, ni art, ni occupation pratique qui ne soit fondée sur la pensée, et qui n’exige l’exercice normal des facultés logiques, on en conclut naturellement que la logique est une science qui embrasse dans son domaine le champ entier de l’intelligence et de l’activité humaines.

Mais si la logique, lorsqu’on la considère abstractivement, occupe un rang si élevé dans l’opinion commune, elle est loin, il faut bien le dire, de répondre à l’attente générale et de tenir ce qu’elle promet, lorsqu’on la considère dans sa forme actuelle, et telle qu’elle est exposée dans les livres ou enseignée dans les écoles. Et c’est là ce qui explique pourquoi, tandis que les mathématiques ont vu augmenter le nombre de leurs sectateurs, et s’agrandir le champ de leurs recherches et de leurs applications, la logique s’est vue de plus en plus négligée et délaissée. L’on peut même dire que, si elle est toujours enseignée dans les écoles, il faut plutôt l’attribuer aux traditions de l’enseignement scolaire qu’à un désir sérieux de l’apprendre ; et cela malgré son importance réelle et avouée non-seulement par rapport à la connaissance en général, mais par rapport aux mathématiques elles-mêmes, puisque la connaissance mathématique suppose l’existence et l’application des lois logiques. C’est que cette science qui a pour objet de régler et de fortifier les facultés naturelles de l’esprit, telle qu’elle est maintenant constituée, semble plutôt