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Page:Hegel - Logique, t. 1, trad. Véra, 1874.djvu/27

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remarques préliminaires.

faite pour les égarer et les vicier ; car, ses théories ne nous offrent qu’un assemblage de formules vides, de règles arbitraires et de méthodes artificielles qui ne sont d’accord ni avec elles-mêmes, ni avec les choses auxquelles on les applique. Et ce n’est que par suite d’un faux enseignement et de fausses habitudes intellectuelles, et qu’en pervertissant ou en mutilant les faits qu’on est amené à penser que la réalité concrète, — les choses de la nature et de l’esprit, — sont perçues et connues par nous conformément aux lois tracées par la logique.

On a, à la vérité, depuis longtemps compris ce qu’il y a d’insuffisant dans l’ancienne logique, et plusieurs tentatives ont été faites, depuis Ramus, pour reconstruire cette science sur des bases nouvelles. Mais je n’hésite point à affirmer que toutes ces tentatives ont échoué, et qu’elles n’ont pas seulement échoué, mais qu’elles ne sont qu’une reproduction inférieure des théories qu’elles prétendent renverser et remplacer. Car il n’y a rien dans l’organum de Bacon, ou dans la philosophie de Descartes[1], en ce qui concerne les principes fondamentaux de la logique, qui ne se trouve dans l’organum d’Aristote. Et tous ceux qui voudront accorder une attention sérieuse et désintéressée à ces matières admettront, je crois, avec moi, que l’organum d’Aristote surpasse toutes les théories logiques qui l’ont suivi par l’étendue, la profondeur et la justesse de ses recherches, et par le caractère scientifique dont il est marqué. Quant à l’organum de Bacon, l’illusion si longtemps caressée et admise comme un fait incontestable, qu’il nous

  1. Discours sur la méthode ; Règles pour bien conduire sa pensée.