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chapitre i.

ciens, etc. Et cependant on ne les a pas moins vues revivre, et revivre aussi vigoureusement et plus vigoureusement peut-être, qu’en sortant du cerveau et de la bouche de leurs immortels auteurs. Sans parler, en effet, de l’école d’Alexandrie ni de la philosophie romaine, qui peuvent être considérées comme un développement ou une reproduction des doctrines de Platon et d’Aristote, l’influence de ces doctrines ne fut jamais plus marquée et plus incontestablement établie qu’au moyen âge et à la renaissance. Et même de nos jours, malgré les attaques dédaigneuses et les pompeuses promesses de Bacon et de Descartes, la philosophie grecque constitue la base de toute éducation vraiment philosophique. Et il ne faut pas non plus oublier qu’il y a peu de livres auxquels on ait consacré dans ces derniers temps plus d’attention et de travaux qu’aux livres de Platon et d’Aristote. Ainsi l’obscurcissement momentané de ces grands luminaires, loin d’être un symptôme de faiblesse, est une preuve de puissance ; car il prouve combien est indestructible l’esprit qui vit en eux, esprit qui se perpétue à travers les âges, et ne s’efface que pour renaître à une vie toujours jeune et toujours nouvelle.

Que Hégel appartienne à la famille de ces penseurs extraordinaires et divins, et que ses théories soient faites pour résister à l’épreuve du temps, c’est ce qui, à mon avis, ne saurait laisser de doute dans l’esprit de celui qui voudra leur accorder une attention sérieuse et désintéressée. Car sa puissance spéculative vraiment merveilleuse, la profondeur et la vaste étendue de son esprit qui a embrassé toutes branches du savoir, et sa faculté de déduire et de lier les idées et de systématiser la connaissance, faculté