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Page:Hegel - Logique, t. 1, trad. Véra, 1874.djvu/31

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remarques préliminaires.

une marque visible de son influence[1]. Et ce déplacement du centre de l’hégélianisme qui de l’Allemagne va en se répandant et en jetant des germes sur les différents points du globe, au lieu d’être une cause d’affaiblissement deviendra pour lui une source nouvelle de force et de vie. Car c’est en se combinant avec l’esprit des autres peuples, en variant ses formes et son langage, et en trouvant d’autres interprètes que ceux du sol qui l’a vu naître, qu’un grand système se développe et déploie les richesses cachées dans les profondeurs de la pensée du maître. En outre, lors même que l’on accorderait qu’en ce moment la philosophie hégélienne a perdu de son influence, la conclusion qu’on en veut tirer contre sa valeur intrinsèque, contre son action et ses développements futurs ne suit nullement des prémisses. Il en est de la philosophie hégélienne comme de la philosophie de Platon et d’Aristote, comme de tout grand système, et on pourrait ajouter de tout grand événement historique. Il y a réaction, et il y a point d’arrêt. Cette réaction et ce point d’arrêt sont amenés par des causes diverses, par le passé, par les vieilles habitudes morales et intellectuelles, par l’intérêt, par l’ignorance et l’indifférence, par la difficulté de pénétrer dans la signification vaste et profonde d’une théorie, ainsi que par l’impatience de voir l’idée immédiatement réalisée. Mais c’est là l’éclipsé, ce n’est pas l’évanouissement de la planète. Les doctrines de Platon et d’Aristote furent suivies, ou, comme dirait un antihégélien, effacées par celles d’Épicure, des Stoï-

  1. Voy., sur ce point, Préface de la deuxième édition (1864) de l’Introduction à la Philosophie de Hégel ; et la Philosophie contemporaine en Italie, ch. VI, par R. Mariano.