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aristote est-il le fondateur de la logique formelle.

simple inspection de ses écrits. Ainsi, après avoir dans sa logique considéré les catégories comme principes de la pensée, il les considère, dans sa métaphysique, comme attributs de l’Être. C’est le même rapport qu’il a en vue lorsque dans ces deux mêmes écrits, il examine le principe de contradiction, ou lorsqu’il introduit dans ses Analytiques et dans son Traité de l’âme, sa Théorie de l’Intelligence, qui, comme on sait, est intimement liée à sa théorie de l’acte ou de l’essence. Il y a plus. Sans sortir des limites de la logique, nous voyons Aristote occupé à définir et à agrandir l’objet de cette science, en recherchant la signification matérielle et objective de ses lois. Car, après avoir analysé la proposition dans sa forme subjective et indéterminée, il l’analyse dans sa signification plus déterminée et plus objective (dans sa Théorie des modales), et après avoir considéré le moyen terme comme espèce, et dans ses rapports quantitatifs avec les extrêmes (premiers Analytiques), il le considère du point de vue de la cause et de l’essence (deuxièmes Analytiques), rapprochant ici aussi la logique et ses théories métaphysiques, et posant l’essence comme moyen terme, ou principe absolu de la démonstration, c’est-à-dire comme principe où la démonstration et la chose démontrée, la forme et la matière de la pensée se trouvent intimement unies et élevées à l’identité de leur nature[1].

Telle est la notion qu’Aristote se fait de la logique, ainsi que le prouvent ses écrits. Et ceux qui invoquent son autorité pour justifier la séparation de la logique et de la

  1. Conf. plus bas. ch. X et suiv.