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Page:Hegel - Logique, t. 1, trad. Véra, 1874.djvu/74

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chapitre vii.

tirée de l’idée de l’Infini ou de l’Etre parfait, lorsqu’elle est présentée sous forme syllogistique[1].

Le point à démontrer est l’existence de Dieu, et l’élément essentiel et décisif de la preuve, ou, pour parler plus exactement, la preuve entière réside dans l’idée primitive de l’Infini ou de l’Etre parfait ; car c’est de cette idée, et par le procédé analytique qu’on doit faire sortir les trois termes du syllogisme. Or, on peut voir, en quelque sorte, à la simple inspection qu’un syllogisme ainsi formé doit être un cercle. En effet, en affirmant l’Infini, ou j’affirme une réalité, un être réel, ou je n’affirme qu’une simple représentation subjective, une certaine forme de la pensée, qui ne possède pas d’entité objective. Dans ce dernier cas, il n’y a point de syllogisme ; car il n’y a pas plus de connexion

  1. Kant a fait, comme on sait, la critique de cette preuve, et sa critique n’a qu’un but et un résultat négatifs. Il s’applique à démontrer par l’analyse de la forme syllogistique, d’une part, et par celle de l’idée de l’infini, de l’autre, que non-seulement on ne peut prouver l’existence de Dieu par voie de syllogisme, mais qu’on ne peut la prouver d’aucune façon et par aucun autre procédé. — Son argument est (et c’est là le fil régulateur, et le fond de la philosophie critique) que nous ne sommes pas autorisés à affirmer la réalité transcendante de l’infini ou des idées en général, parce que nous ne pouvons ramener cette réalité, ou l’objet qu’elles expriment et représentent à une intuition sensible, c’est-à-dire, que pour la philosophie critique ce n’est pas l’idée qui fournit le critérium et la garantie du vrai, mais le phénomène. L’idée n’est qu’une forme subjective à l’aide de laquelle nous classons, nous ordonnons les phénomènes et nous les ramenons à l’unité, mais qui objectivement n’a point de réalité. Ainsi, la philosophie critique tient par ses éléments essentiels, d’un côté, au sensualisme, et, de l’autre, à la logique formelle. Les catégories et les idées ne sont que des formes qui jouent un rôle semblable à celui des formes de cette logique. Ce que Kant appelle idées, concepts, catégories, l’ancienne logique l’avait aussi appelé catégories, ou bien genres et espèces. — Pour l’un comme pour l’autre, ce ne sont que des formes subjectives de la pensée qui n’ont aucun rapport objectif et consubstantiel avec les choses. Conf. : plus bas, ch. XII, et notre Introd. à la Phil. de Hegel, ch. II. § iv.