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Page:Hegel - Logique, t. 1, trad. Véra, 1874.djvu/73

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logique appliquée.

pour prouver par syllogisme, et par un argument à priori (qui strictement parlant est la seule démonstration métaphysique, ou, pour mieux dire, la seule démonstration)[1] l’existence de Dieu ont échoué. La raison en est bien simple : c’est que ni Dieu, ni rien de ce qui appartient à Dieu (attributs ou perfections) ne sauraient se démontrer par voie de syllogisme ; car Dieu étant l’absolu démontre tout, et par suite rien ne peut le démontrer. Ainsi il n’y a d’existence ni d’être qui puisse démontrer Dieu qui est l’Etre[2] ; en d’autres termes, il ne peut y avoir de moyen terme ou de principe qui démontre Dieu, son existence ou sa nature. Car un principe qui démontrerait Dieu serait supérieur à Dieu, ce qui implique. Ainsi toutes les preuves de cette espèce sont ou des combinaisons purement verbales, ou des cercles. C’est ce dont nous pourrons nous assurer en analysant la fameuse preuve métaphysique

  1. Les seules preuves réellement spéculatives de l’existence de Dieu sont celles tirées de l’idée, ou d’une idée primitive, pour nous servir d’une expression plus usitée, telle que l’idée de l’infini, de l’absolu, de l’être parfait, etc., contemplées en elles-mêmes, et indépendamment de toute donnée expérimentale. — Les arguments inductifs, tels que ceux connus sous le nom de preuves physiques, ne sont pas à proprement parler des arguments démonstratifs, car ils présupposent non-seulement la preuve métaphysique, mais la notion absolue elle-même sur laquelle ils sont fondés. En effet, de la perception des causes finies, ou de la beauté, de la proportion et de l’harmonie qui règnent dans l’univers nous ne pourrions nous élever à la contemplation d’une cause, ou d’une finalité absolue, si ces notions ne préexistaient pas dans l’esprit, et ne nous étaient pas suggérées par lui.
  2. Nous laissons ici aux termes leur acception ordinaire, c’est-à-dire le sens où ils sont pris non-seulement dans l’usage commun, mais dans la science en général, et cela pour faire mieux ressortir l’insuffisance de l’ancienne logique. Mais nous avons montré ailleurs (Introd. à la Phil. de Hégel), et l’on verra aussi plus loin que si la définition « Dieu est l’Être » est bien une définition de Dieu, c’est la définition la plus élémentaire et la plus vide.