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de la raison et du raisonnement.

nous disons en réalité que la raison s’arrête aux principes, et qu’il lui est défendu de franchir cette limite, tandis que le raisonnement embrasse à la fois les principes et les conséquences, Car pour déduire les conséquences des principes, il faut que le raisonnement les perçoive tous les deux à la fois, et qu’il perçoive les principes plus distinctement que les conséquences, et antérieurement aux conséquences, puisque c’est des principes que ces dernières doivent être déduites. Soit le syllogisme :

« Toute vertu vient de Dieu,
» La justice est une vertu,
» Donc, etc. »

Il est évident que dans ce syllogisme tous les termes et toutes les propositions, ainsi que leurs rapports doivent être perçus par une seule et même faculté. Car s’ils étaient perçus par deux facultés différentes, dont l’une s’arrêterait à la majeure, et l’autre prendrait l’opération à la mineure pour l’achever, sans percevoir le principe aussi distinctement que la première, et même, nous le répétons, plus distinctement et plus complètement que la première, par la raison qu’elle doit en tirer des conséquences, l’opération ne pourrait point s’accomplir. Et pour rendre cette impossibilité plus visible, qu’on prenne les trois termes dont se compose le syllogisme, et qu’on les mette sous cette forme :

ABC

Soit A le petit, C le grand, et B le moyen terme. Si l’on examine les rapports de ces termes, l’on verra d’abord que B, dont la fonction consiste à unir A et C, doit être perçu