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Page:Hegel - Logique, t. 1, trad. Véra, 1874.djvu/82

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chapitre ix.

se renferme toujours strictement dans les limites qu’elle s’est tracées. Comme toute science qui s’impose des limites arbitraires et artificielles, elle en sort parfois, bien que malgré elle et à son insu, et elle emprunte aux autres sciences des éléments dont elle ne saurait point se passer, ou, pour parler avec plus de précision, elle parait emprunter aux autres sciences des éléments qui en réalité lui appartiennent, mais qu’elle a arbitrairement retranchés

    qui est la forme même des choses, ne saurait ni produire la connaissance, ni préserver de l’erreur. Car, en supposant même que les règles du syllogisme, telles qu’elle les a tracées, soient exactes, il est clair que la vérité ou l’erreur ne réside pas dans la forme logique, mais dans la matière et la forme des termes qui se trouvent combinés dans le syllogisme. Lorsque je dis :

    Tout ce qui est simple est immortel.

    L’âme est simple.

    Donc, etc., la vérité ou l’erreur de ce raisonnement dépend essentiellement de la nature des termes qui le composent, de telle sorte que ce qui est essentiel dans ce syllogisme, et ce qu’il est essentiel de déterminer, c’est la nature objective des termes, considérés séparément et conjointement, et cela indépendamment du sens qu’y attache le langage, ou la tradition, ou l’opinion. Ainsi, par exemple, il faut déterminer ce qu’est l’être simple, et si l’âme est simple, et si elle est simple dans le même sens et de la même manière ; car toutes les essences sont simples, et elles sont simples tout aussi bien que l’âme. Le point peut également être considéré comme simple, et il est considéré comme tel par Euclide, qui en donne la même définition que certains philosophes donnent de l’âme (Euclide, liv. I, défîniton 1re, définit le point, ce qui n’a point de parties). Le terme immortel doit lui aussi être soumis à la même investigation, nous voulons dire, qu’il faut en déterminer la signification, en le considérant en lui-même et dans son rapport avec l’âme et sa simplicité. Les idées et les principes, par exemple, sont également immortels, mais ils ne le sont pas dans le même sens que l’âme, dans le sens du moins qu’on attache généralement à ce mot. Or, ou le syllogisme est fondé sur la nature objective et la connexion nécessaire des termes, et, eu ce cas, il constitue un procédé qui laisse bien derrière lui les limites posées par l’ancienne logique ; ou bien, ce n’est qu’une opération purement subjective et artificielle qui ne coïncide point avec la nature des choses, et, eu ce cas, il n’est qu’une forme vide et sans réalité.