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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/129

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architecture.

ture chrétienne, on trouva ce style trop nu, et l’on entoura le fût de couronnes de fleurs ; on le fit serpenta en spirales. Mais cela est déplacé et contre le bon goût, parce que la colonne ne doit pas remplir une autre fonction que celle de support, et qu’en vertu de cette destination, elle doit monter librement selon la verticale. La seule modification que les anciens apportèrent ici à la forme des colonnes, ce sont les cannelures. Ce qui, comme l’observe déjà Vitruve, la fait paraître plus large que si elle était simplement unie. De pareilles cannelures se rencontrent dans les édifices des plus grandes dimensions.

Pour ce qui est des autres caractères qui distinguent les ordres Dorique, Ionique et Corinthien, je me bornerai à indiquer les principaux, qui sont les suivants.

Dans les premières constructions, la solidité de l’édifice est le caractère fondamental auquel s’arrête l’architecture ; elle n’ose encore essayer des proportions plus élégantes, plus légères et plus hardies ; elle se contente des formes massives. C’est ce qui a lieu dans l’architecture dorique. Chez elle se fait sentir encore la prédominance de l’élément matériel, du poids et de la masse ; et cela apparaît principalement dans le rapport de la largeur et de la hauteur. Un édifice s’élève-t-il facilement et librement ? le poids des lourdes masses paraît vaincu ; s’étend-il, au contraire, plus large et plus bas ? alors, comme dans le style dorique, le poids domine tout. La fermeté et