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Averissement.

particulier est abordé sérieusement, analysé et discuté à fond et en détail. Ce qui est encore plus évident pour tout esprit non prévenu, c’est qu’il contient en foule des solutions neuves, originales et profondes, des observations fines, des jugements d’une grande sagacité et d’une haute portée, des descriptions pleines d’éclat. Il n’y a pas un des problèmes essentiels relatifs aux principes de l’architecture, de la sculpture, de la peinture, de la musique et de la poésie qui ne soit envisagé par une face nouvelle et sur lequel le génie de l’auteur n’ait répandu une vive lumière. On peut n’être pas de son avis, trouver quelquefois ses vues singulières ou étranges ; en pareille matière, sur aucun point, l’opinion n’est fixée et le dernier mot n’est dit ; mais c’est quelque chose de faire penser le lecteur, de remuer ainsi les questions, de répandre partout à pleines mains les idées ; et quand la critique des œuvres de l’art est à la hauteur de la théorie, on peut être sûr que l’on a affaire non à une de ces productions médiocres, comme il en paraît chaque jour, mais à une composition philosophique du premier ordre.

Un second mérite, c’est que ce système des beaux-arts répond réellement à son titre. C’est bien, en effet, un système où les rapports des arts entre eux sont dévoilés par un esprit capable de saisir leur ensemble, aussi bien que d’étudier en détail leur nature propre et leurs règles particulières. Que l’on compare, sous ce rapport, ce livre avec ce qui a été publié avant ou après en France, ou même en Allemagne, sur la théorie des arts, on verra combien l’auteur est resté supérieur à ceux qui ont marché dans la même voie et dont plusieurs l’ont copié ou imité. Nulle part, la classification des beaux-arts, leur ordre et leur enchaînement, leur hiérarchie n’ont été établis d’une manière aussi ferme et aussi lumineuse. On reconnaît l’empreinte du génie systématique qui, quelle que soit la vérité de ses conceptions, a créé la plus vaste synthèse philosophique que l’histoire de la pensée humaine ait à enregistrer depuis l’œuvre d’Aristote.