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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/156

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architecture romantique.

on baptise ; ou c’est un mort que l’on apporte à l’église. Dans un autre lieu un prêtre dit la messe et bénit des époux ; et partout le peuple est répandu au pied des autels et des images des saints. Un seul et même édifice renferme à la fois toutes ces actions si diverses. Mais cette multiplicité et cette variété d’actions isolées disparaît dans son perpétuel changement devant la vaste étendue et la grandeur de l’édifice. Rien n’en remplit l’ensemble ; tout passe et s’écoule rapidement ; les individus, leurs mouvements et leurs actes déterminés se perdent, se disséminent comme une vivante poussière dans cette immensité. Le fait momentané n’est visible que dans son instabilité rapide ; et au-dessus s’élèvent ces espaces infinis, ces constructions gigantesques, avec leur ferme structure et leurs immuables formes.

Tels sont les principaux caractères qui distinguent l’intérieur de l’église gothique. Il ne faut chercher ici, à proprement parier, aucune conformité à un bat positif ; mais tout est approprié au recueillement intérieur de l’ame, retirée dans les profondeurs de sa nature intime, et à son élévation au-dessus de tout ce qui est particulier et fini. Ainsi, ces édifices, sombres dans leur intérieur, sont séparés de la nature par lin espace entièrement fermé de toutes parts ; en même temps, ils ne sont pas moins achevés dans leur plus petits détails que sublimes par leur grandeur et leur élévation prodigieuse.