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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/169

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architecture.

surtout, lorsqu’il est parsemé de petits temples chinois, de mosquées turques, de châtelets, de ponts, d’ermitages, que sais-je ? de toutes sortes de curiosités étrangères, prend déjà ainsi la prétention de fixer sur soi les regards ; on veut qu’il soit quelque chose, qu’il ait un sens par lui-même. Mais alors ce plaisir, qui est, en effet, bientôt satisfait, s’efface si vite que l’on ne peut, sans dégoût, regarder deux fois le même objet ; car cet ingrédient ne présente aux regards rien d’infini, rien qui exprime l’ame vivante de la nature ; et d’ailleurs, relativement à l’entretien, à la conversation dans la promenade, il n’est qu’une distraction ennuyeuse et importune.

Un jardin, comme tel, ne doit être qu’un agréable entourage et rien de plus ; il ne doit point se faire valoir lui-même, ni distraire l’homme de l’homme, le faire sortir de son intérieur. L’architecture, avec ses lignes géométriques, avec l’ordre, la régularité, la symétrie, a ici sa place ; elle arrange et dispose les objets de la nature eux-mêmes architectoniquement. L’art des jardins des Mongols, de l’autre côté de la grande muraille, dans le Thibet, les paradis de la Perse, se conforment davantage à ce type. Ce ne sont nullement des parcs anglais, mais des salles, avec des fleurs, des fontaines, des jets d’eau, des cours, des palais, où l’homme séjourne au sein d’une nature magnifique, grandiose, où tout est disposé avec prodigalité pour les besoins et la commodité de l’homme. Mais c’est surtout dans l’art français des