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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/168

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architecture romantique.

et s’efforce de reproduire la grande et libre nature. En effet ce qui nous plaît dans ce paysage, dont la mobile variété met sous nos yeux des rochers, avec leur grandes et rudes masses, des vallées, des bois, des prairies, des gazons, des ruisseaux qui serpentent, de larges fleuves, avec leurs rives animées, des lacs tranquilles, couronnés d’arbres, de bruyantes cascades, c’est que tout cela est réuni, resserré dans un même espace pour former un seul et même ensemble, C’est de cette façon que déjà l’art des jardins des Chinois présente des paysages entiers, avec des lacs et des îles, des rivières, des quartiers de rocher, etc. Dans de semblables parcs, surtout ceux de ces derniers temps, d’abord, tout doit conserver la liberté de la nature elle-même ; tandis que, d’un autre côté, celle-ci est travaillée et façonnée avec art, sous les conditions du terrain donné ; ce qui constitue un désaccord qui ne peut être complètement levé. Il n’y a, sous ce rapport, rien qui soit de plus mauvais goût que l’affectation, partout visible, de l’absence de but, qu’une pareille violence qui vient de l’arbitraire. Sans compter que le caractère propre de régularité qui doit être dans les jardins a disparu. Un jardin, en effet, a pour destination de servir à l’agrément de la promenade, à la conversation dans un lieu qui n’est plus la nature proprement dite, mais la nature façonnée par l’homme pour son propre usage, pour lui servir d’entourage, en un mot, dans un lieu arrangé par lui et pour lui. Un grand parc, au contraire.