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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/172

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introduction.

pénétrer complètement, et faire de l’objectif la manifestation adéquate de l’esprit, montrer celui-ci tel qu’il est. L’art donc abandonne le règne inorganique dont l’architecture, dans son assujettissement aux lois de la matière et de la pesanteur, s’est, en vain, efforcée de faire une expression plus parfaite de l’esprit ; il se retire dans le monde intérieur qui, maintenant, apparaît libre, dans sa haute vérité, dégagé de tout mélange avec la matière inerte. C’est sur ce chemin, que parcourt l’esprit en se détachant de l’existence physique et matérielle pour revenir sur lui-même, que nous rencontrons la sculpture.

Mais le premier pas que nous faisons dans cette région nouvelle n’est encore nullement le retour de l’esprit sur lui-même, la conscience réfléchie de son existence intérieure ou subjective ; ce qui nécessiterait, pour sa représentation, un mode de manifestation purement idéal. L’esprit ne se saisit d’abord qu’autant qu’il s’exprime encore dans l’existence corporelle et y trouve sa forme homogène. L’art qui prend pour objet ce moment du développement de l’esprit sera, dès lors, appelé à représenter l’individualité spirituelle dans le domaine des choses matérielles encore, il y a plus, immédiatement matérielles. En effet, la parole, le discours, sont aussi une manifestation de l’esprit par des signes extérieurs. — Mais ceux-ci n’ont aucune valeur propre sous le rapport physique Comme sons, mouvements, vibrations d’un corps, d’un élément particulier, de l’air, ils jouent le rôle de simples