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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/173

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sculpture.

véhicules de la pensée. Le corps, proprement dit, au contraire, est la matière étendue. Tels sont la pierre, le métal, l’argile, en un mot le solide avec ses trois dimensions. Or, la forme qui convient à l’esprit, c’est, comme nous l’avons vu, le corps réel par lequel la sculpture représente l’esprit sous l’aspect de l’étendue complète.

Sous ce rapport, la sculpture se trouve encore au même degré que l’architecture, puisqu’elle façonne l’élément physique dans sa forme matérielle ou étendue. Elle s’en distingue cependant, en ce qu’elle ne travaille pas la matière inorganique comme quelque chose d’étranger à l’esprit, de manière à en faire un simple appareil approprié à son usage, se bornant à la revêtir de formes qui ont leur but en dehors d’elles-mêmes. Elle représente, au contraire, l’être spirituel lui-même, ayant en soi sa propre fin, libre et indépendant, dans son idée même, et cela, dans une forme corporelle qui convient essentiellement à son individualité. En même temps, elle offre aux yeux les deux termes, le corps et l’esprit, comme formant un seul et même tout, comme inséparables. L’œuvre de sculpture s’affranchit, dès lors, de la destination imposée à l’architecture, celle de servir à l’esprit de simple enveloppe matérielle. Elle existe par elle-même et pour elle-même. Mais, malgré cette différence, l’image façonnée par la sculpture reste dans un rapport essentiel avec les objets qui l’environnent. On ne peut faire une statue, un groupe, encore moins un bas-