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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/176

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introduction.

C’est ce que ne peut faire la sculpture, ou du moins ce qu’elle fait très imparfaitement. Elle n’est capable de représenter ni les sentiments internes de l’ame, ni les passions déterminées qui l’agitent, ni une suite d’actions, comme le fait la poésie. Elle n’offre le caractère général de l’individu qu’autant que le corps l’exprime dans un moment déterminé, et cela sans mouvement, sans action vivante, sans développement.

Elle le cède aussi, sous ce rapport, à la Peinture. Dans la peinture, en effet, par la couleur du visage, la lumière et les ombres, l’expression de l’esprit, non-seulement acquiert dans le sens du naturel, une plus grande exactitude matérielle, mais elle y gagne, surtout du côté du caractère physiognomique et pathognomique, une vérité et une vitalité supérieures. Aussi, pourrait-on croire, au premier moment, qu’il manque quelque chose à la sculpture, et qu’elle ferait bien d’ajouter à sa prérogative de reproduire les trois dimensions, les avantages de la peinture. N’est-ce pas, en effet, arbitrairement qu’elle abandonne la couleur à la peinture ? N’est-ce pas une pauvreté, une maladresse d’exécution que de se borner à un seul côté de la réalité, à la forme matérielle, et de s’abstraire à un tel point ? C’est ainsi que les silhouettes et la gravure ne sont qu’un simple moyen subsidiaire, commandé par la nécessité. Or, on ne peut parler d’un pareil arbitraire dans l’art véritable. — La forme que représente la sculpture n’est, il est