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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/177

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sculpture.

vrai, qu’un côté abstrait du corps humain, réel et vivant. Elle n’offre aucune diversité de couleurs et de mouvements. Mais cela n’est pas une imperfection accidentelle ; ce sont des bornes que l’art s’est posées à lui-même, en vertu de son essence, dans l’emploi de ses matériaux et dans son mode de représentation. L’art est un produit de l’esprit, et de l’esprit parvenu à un degré supérieur de son développement. Dès-lors, ses œuvres doivent avoir pour but un fond déterminé et un mode de représentation artistique, distincts de tous les autres. Il en est ainsi de l’art comme des diverses sciences. La géométrie ne s’occupe que de l’espace ; la jurisprudence du droit ; la philosophie du développement de l’idée éternelle et de sa réalisation dans le monde physique et moral. Elles développent diversement ces objets divers, sans qu’aucune d’elles représente complètement ce que l’on appelle la réalité concrète, dans le sens que l’on attache communément à ce terme.

L’art, comme toute création de l’esprit, procède par degrés. Ce qui est séparé dans la pensée, quoique non dans la réalité, il le sépare également. Il maintient par conséquent ces degrés fortement distincts pour les développer selon leurs caractères déterminés Ainsi, dans les matériaux étendus sur lesquels s’exercent les arts du dessin, on doit distinguer par la pensée et séparer l’un de l’autre, le corps, proprement dit, avec la totalité de ses dimensions, et sa forme abstraite, l’apparence visible en soi, plus particularisée