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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/182

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introduction.

pas immédiatement et complètement l’idéal, quoique celui-ci constitue son caractère fondamental, il est obligé d’écarter d’abord beaucoup d’éléments qui lui sont étrangers. Il en est de même de la sculpture ; elle doit parcourir plusieurs degrés antérieurs avant d’atteindre à sa forme définitive, et ses commencements sont très-différents du haut point de perfection où elle est parvenue plus tard. Les ouvrages de l’ancienne sculpture sont de bois peint ; telles sont les idoles égyptiennes ; on en trouve aussi de pareilles chez les Grecs. Mais on doit exclure de semblables objets de la sculpture proprement dite, lorsqu’il s’agit de déterminer son idée fondamentale. On ne peut donc nier qu’il ne se présente plusieurs exemples de statues peintes ; mais plus le goût artistique se développe, plus la sculpture « se débarrasse du luxe des couleurs qui ne lui convient pas. Vêtue de blanc, elle ne se servit au contraire de la lumière et des ombres qu’afin de donner à ses œuvres, plus de douceur et de calme, et de répandre sur elles une clarté bienfaisante pour les yeux du spectateur.[1] » Contre l’uniformité de couleur do marbre, on peut objecter, sans doute, non seulement les nombreuses statues d’airain, mais bien plus encore les plus grands et les plus beaux ouvrages qui, comme par exemple le Jupiter de Phidias, étaient de diverses couleurs. Mais il n’est pas question ici de l’absence de couleur con-

  1. Meyer, Hist. des Arts du Dessin chez les Grecs, t. 1, p. 119.