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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/208

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de l'idéal de la sculpture.

mettre déjà, d’une manière extérieure et abstraite, comme côté symbolique d’un art quelconque, l’état d’imperfection primitive : l’essai, par exemple, que font les enfants lorsqu’ils dessinent une figure d’homme, ou la pétrissent avec de la cire ou de l’argile. Ce qu'ils exécutent ainsi est une espèce de symbole, en ce sens que l'image ne fait qu’indiquer l’objet vivant, et reste parfaitement infidèle, quant à sa représentation et à sa signification. Ainsi, l’art est d’abord hiéroglyphique ; ce n’est nullement un signe arbitraire et accidentel, c’est une sorte de dessin de l’objet propre à en réveiller l’idée. Une mauvaise figure suffit à ce but, pourvu qu’elle rappelle l’objet qu’elle représente.

C’est ainsi qu la piété se contente de mauvaises représentations, et elle vénère, dans le magot barbouillé, le Christ, la Vierge, ou quelque saint. De pareilles figures sont individualisées par des attributs particuliers, comme, par exemple, une lanterne, une grille, une meule de moulin. La piété veut seulement, en général, qu’on lui rappelle l’objet ; le reste est ajouté par l’ame elle-même, qui, malgré l’infidélité de l’image, doit être remplie de la pensée de l’objet. Ce n’est pas l’expression vivante de celui-ci qui est demandée ; ce n’est pas sa présence qui doit nous ravir par elle-même ; l’œuvre d’art est déjà suffisante pour exciter, par ses formes, quelque imparfaites qu’elles soient, son idée générale dans l’imagination. Or, maintenant, l’imagination a tou-