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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/209

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sculpture.

jours pour propriété d’abstraire. Je puis bien me représenter facilement un objet connu, une maison, un arbre, un homme, etc. ; mais mon idée, quoiqu’il s’agisse d’un objet tout-à-fait déterminé, reste figurée par dès traits indéterminés ; elle ne devient, à proprement parler, une conception nette, que quand l’individualité s’en est effacée et que l’image s’est simplifiée.

Si l’idée que la représentation artistique est destinée à rappeler se rapporte au culte religieux, si elle s’adresse à tout un peuple, qui doit la reconnaître dans cet image, le but sera atteint, principalement à la condition qu’il n’entrera dans le mode de représentation aucun changement. L’art ainsi devient, d’un côté, conventionnel, de l’autre, stationnaire, comme cela a lieu, non seulement dans l’ancien art égyptien, mais encore dans l’art grec et chrétien, à l’origine. L’artiste devait s’en tenir à la forme donnée, et reproduire son type invariable.

Nous devons donc chercher la grande transition à l’éveil des beaux-arts, là où l’artiste travaille librement d’après sa propre idée, là où l’éclair du génie vient briser le type traditionnel, et communiquer à la représentation la fraîcheur et la vitalité. C’est alors, pour la première fois, que le souffle de l’esprit se répand, sur l’œuvre d’art. L’artiste ne se borne plus à rappeler à l’imagination une pensée profonde, que le spectateur porte déjà en lui-même ; il va jusqu’à représenter cette idée dans une figure individuelle,