Aller au contenu

Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
de la forme idéale.

lier lorsque la louange est épuisée, elle revient toujours à la représentation du fleuve couché, qui appartient à ce qu’il y a de plus beau parmi les ouvrages conservés de l’antiquité.

La vitalité de ces œuvres consiste en ce qu’elles sortent libres de l’esprit de l’artiste. À ce degré, l’artiste ne se contente pas de donner une idée, en quelque sorte générale, de ce qu’il veut représenter, par certains contours, certaines indications, et par une expression générale. Il n’adopte pas non plus, quant à la forme individuelle et aux détails, les formes telles qu’il les trouve accidentellement dans le monde extérieur. Il ne s’attache pas à reproduire ces accidents avec une minutieuse fidélité ; mais il sait, dans une création originale et libre, mettre les particularités, les détails individuels, qui appartiennent à la nature réelle, en harmonie avec les traits généraux de la forme humaine, accord d’où résulte une figure individuelle qui se montre parfaitement pénétrée du fond spirituel qu’elle est appelée à représenter, et où se manifeste en même temps la vitalité propre, la conception et l’inspiration de l’artiste. Le fond général n’est pas inventé par lui ; il lui est fourni tout entier par la mythologie et par la tradition. De même, il trouve aussi d’avance la forme humaine avec ses proportions générales et même avec ses caractères particuliers ; mais l’individualisation libre et vivante qu’il répand dans toutes les parties est sa conception propre, son œuvre, le produit de son talent.