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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/213

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sculpture.

Nous devons, comme on sait, ces monuments admirables de la sculpture grecque, aux efforts de lord Elgin, qui, étant ambassadeur en Turquie, enleva du Parthènon, à Athènes, et aussi dans les autres villes grecques, des statues et des bas-reliefs d’une grande beauté, et les transporta en Angleterre. On a appelé cela un pillage des temples et blâmé sévèrement ces acquisitions. En réalité, le comte Elgin a conservé ces œuvres d’art pour l’Europe et les a sauvées d’une destruction complète, entreprise qui mérite toujours la reconnaissance. En outre, dans cette circonstance, l’intérêt de tous les connaisseurs et de tous les amis des arts a été appelé sur l’époque et le mode de représentation de la sculpture grecque, qui, dans la sévérité encore pure de son style, constitue la grandeur propre et l’élévation de l’idéal. Ce que l’opinion publique a prisé dans les ouvrages de cette époque, ce n’est pas la grâce des formes et des poses, ni le charme de l’expression, qui déjà, comme au temps qui suivit Phidias, affecte de se produire au dehors et qui a pour but l’agrément du spectateur ; ce n’est pas non plus l’élégance et la hardiesse de l’exécution ; mais ce qui a excité d’universels éloges, c’est l’expression de force, de liberté, d’indépendance, empreinte dans ces figures. L’admiration surtout a été à son comble, en ce qui regarde la libre vitalité qui partout pénètre et s’assujettit la matière. L’artiste a su, en effet, amollir et animer le marbre, lui communiquer la vie et lui donner une ame. En particu-