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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/23

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introduction.

mais s’adoucit déjà dans le sens de la sérénité du beau. Il n’est fait violence à aucune forme, à aucune partie ; chaque membre apparaît indépendant, jouit d’une existence propre, et, cependant, se contente de n’être qu’un moment dans le tout. C’est là ce qui seul peut, à la profondeur et à la forte détermination de l’individualité et du caractère, ajouter la grace avec la vie et l’animation. Le sujet en lui même conserve toute sa prépondérance ; mais, en se développant dans une riche variété de traits et de formes, qui rend sa manifestation parfaitement déterminée, claire, vivante et présente, il laisse également au spectateur sa liberté. Au lieu d’absorber son esprit dans une pensée abstraite, il lui met sous les yeux l’image du mouvement et de la vie.

Mais, par ce dernier point, lorsque cette tendance vers le côté extérieur de la représentation va plus loin, le style idéal passe au gracieux, à l’agréable. Ici, en même temps, perce un autre but que celui de la vitalité du sujet lui-même. Plaire, produire de l’effet se révèle comme une intention, et devient en soi une tâche nouvelle. L’Apollon du Belvédère, par exemple, n’appartient pas encore au style gracieux, mais il marque la transition du haut idéal à ce genre. Or, comme, dans un pareil style, ce n’est plus au sujet seul que se rapporte la manifestation extérieure tout entière, les particularités, lorsqu’elles sortent naturellement du sujet lui-même et sont en soi nécessaires, sont cependant plus ou moins indépen-