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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/338

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des arts romantiques.

3o. Par là, toutefois, la musique se place seulement sur le côté opposé. En opposition avec les arts du dessin, elle s’arrête dans l’absence de toute forme, et cela, à la fois sous le rapport de la pensée et sous celui de l’élément physique ou de son mode d’expression. Mais l’art, pour répondre à son idée tout entière, est appelé à révéler, non seulement l’intérieur de l’ame, mais surtout celle-ci se manifestant et se développant au sein du monde extérieur. Or, maintenant, si l’art a abandonné la manifestation de l’esprit sous la forme réelle et visible de l’objectivité, pour se tourner vers le sentiment intime, l’élément sensible auquel il s’adresse de nouveau ne peut plus être l’image réelle, mais un simple phénomène sensible, conçu et façonné pour la pensée intérieure, l’imagination et le sentiment. Pour représenter ceux-ci, c’est à dire communiquer à l’esprit la pensée de l’esprit créant dans son propre domaine, l’art ne doit employer l’instrument sensible de sa manifestation que comme simple moyen de communication, et, par conséquent, se contenter d’un signe, en soi privé de sens. La Poésie, l’art de la parole, répond à ce point de vue, et de même que l’esprit fait déjà comprendre à l’esprit, par le langage, ce qu’il recèle en lui-même, de même aussi maintenant, l’art confie ses productions à la parole, façonnée pour un organe artistique lui-même. En même temps, la poésie, par cela même qu’elle peut développer la totalité de la pensée dans son propre élément, est l’art universel qui appartient