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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/427

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peinture.

ne sont pas ordinairement celles où les sentiments profonds de l’ame humaine se manifestent comme la chose essentielle. Mais si l’homme doit être mis en scène au milieu de la nature, celle-ci doit plus conserver sa valeur que si elle n’était qu’un simple accompagnement. C’est, je le répète, principalement dans de pareilles représentations, que les couleurs décidées trouvent leur place. Cependant il faut, pour les employer, de la hardiesse et de l’énergie. Elles ne vont pas avec des figures doucereuses, des airs languissants, la grâce affectée. Une pareille mollesse d’expression, une telle bouffissure des physionomies, que l’on a coutume de regarder comme de l’idéalité, depuis Raphaël Mengs, seraient entièrement écrasées par des couleurs aussi prononcées. Dans ces derniers temps, principalement chez nous, les figures insignifiantes, molles, avec des poses recherchées, qui s’efforcent d’être gracieuses ou simples et grandioses, ont été à la mode. Cette insignifiance, sous le rapport du caractère intérieur ou moral, entraîne aussi, comme conséquence, l’insignifiance des couleurs et du ton des couleurs ; de sorte que toutes sont maintenues dans une pâleur vaporeuse, une faiblesse énervée, qui fait que rien ne ressort. Aucune, il est vrai, n’en déprime une autre, mais aussi rien de saillant. C’est bien une harmonie des couleurs, et souvent d’une grande douceur, d’une grâce qui flatte l’œil, mais qui se perd dans l’insignifiance. Sous un rapport analogue, Goëthe dit déjà, dans ses ré-