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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/449

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peinture.

jeune pécheur, qui est entraîné nu dans l’eau, a, comme les figures d’hommes dans les autres tableaux, une physionomie très prosaïque ; du moins, si elle était calme, on ne pourrait soupçonner qu’elle peut être capable d’un profond et beau sentiment. En général, on ne peut dire de toutes ces figures d’hommes et de femmes, qu’elles sont d’une beauté saine. Au contraire, elles ne montrent que de l’excitabilité nerveuse, la faiblesse maladive de l’amour et du sentiment ; des affections, en un mot, que l’on ne veut pas voir reproduites et que l’on aimerait bien plutôt voir guéries dans l’art comme dans la vie réelle. À cette catégorie appartiennent encore la manière et le genre dans lesquels Schadow le maître de cette École, a représenté la Mignon de Goëthe. Le caractère de Mignon est exclusivement poétique. Ce qui la rend intéressante, c’est son passé, la dureté de son destin moral et physique, la lutte intérieure d’une passion italienne, violemment excitée dans une ame qui ne s’explique pas encore clairement ce qu’elle désire, qui manque totalement de but et de décision, et qui alors, pleine de mystères, ne sait même venir en aide à sa situation. Cette ame, concentrée en elle-même et malade, qui ne se laisse entrevoir que dans des éruptions isolées et incohérentes, est le côté pathétique de l’intérêt que nous prenons à elle. Maintenant, un pareil sentiment, caché dans les replis de l’ame, peut bien poser devant notre imagination ; mais la peinture ne peut le représenter comme l’a