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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/463

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peinture.

est, en quelque sorte, plutôt le résultat des situations déterminées et momentanées. En dehors de ces situations, ils apparaissent comme des caractères indépendants, tels qu’ils s’offrent dans le monde réel, pleins de force d’ame et de constance dans leur foi et dans leurs actes. De sorte qu’ici, une vertu mâle, sérieuse et digne constitue le trait principal des caractères, malgré toute la variété qu’ils peuvent affecter. Ce ne sont pas des divinités idéales, c’est l’humanité idéalisée ; ce sont des existences entièrement individuelles, non seulement des hommes, comme ils devaient être, mais l’idéal de la nature humaine, telle qu’elle est dans la vie réelle ; ce sont des hommes auxquels ne manque ni un caractère particulier ni l’accord de cette particularité avec le fond général qui pénètre et remplit les individus. Michel-Ânge, Raphaël, Léonard de Vinci, par exemple, dans son fameux tableau de la Cène, ont offert de semblables figures où résident une dignité, une grandeur et une noblesse, que sont loin d’avoir celles des autres peintres. Tel est le point sur lequel la peinture, sans abandonner le caractère de son domaine propre, se rencontre avec l’art antique sur le même terrain.

Maintenant, comme la peinture est, parmi les arts du dessin, celui qui accorde le plus à la forme particulière et au caractère déterminé le droit de figurer pour leur propre compte, il est aussi dans sa nature d’incliner vers le genre spécial du portrait. On a donc eu grand tort de condamner la peinture de portraits