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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/464

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de la caractérisation.

comme n’étant pas conforme au but élevé de l’art. Qui voudrait calculer le nombre d’excellents portraits des grands maîtres ? D’ailleurs, indépendamment de la valeur artistique de ces ouvrages, quel est celui qui se contente de la mémoire des hommes célèbres, du souvenir de leur génie, de leurs actions, et n’est pas désireux de contempler leur image vivante, exécutée avec des traits d’une telle fidélité qu’on croie les avoir sous les yeux ? Il y a plus, abstraction faite de pareils motifs, qui sont en dehors de l’art, on peut soutenir, en un certain sens, que les progrès de la peinture, depuis ses imparfaits essais, ont consisté précisément à se perfectionner dans le sens du portrait. Ce fut d’abord le sentiment religieux et mystique qui, le premier, sut créer l’expression de la vitalité intérieure. L’art, à un plus haut degré de perfection, vivifia cet esprit en donnant plus de vérité aux figures, en les rapprochant davantage de l’existence réelle, et, à mesure qu’il perfectionnait la forme extérieure, il entrait plus profondément encore dans l’expression de l’ame et du sentiment intime.

Cependant, afin que le portrait soit aussi une œuvre d’art véritable, il faut, comme nous l’avons indiqué ailleurs, qu’en lui soit empreint le type de l’individualité spirituelle, et que le caractère spirituel soit le point important et dominant. À cela, doivent concourir toutes les parties du visage. Le peintre, doué d’un sens physionomique plein de finesse, représente alors le caractère original de l’individu, par