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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/465

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peinture.

cela même qu’il saisit et fait ressortir les traits, les parties qui l’expriment dans sa vitalité la plus claire et la plus saillante. Sous ce rapport, un portrait peut être très ressemblant, d’une grande exactitude d’exécution et, néanmoins, insignifiant. Au contraire, une esquisse jetée en peu de traits par une main de maître, sera infiniment plus vivante et d’une vérité frappante. Une telle esquisse doit, par les traits vraiment significatifs, représenter l’image simple mais totale du caractère, que cette exécution sans talent, cette fidélité matérielle, a laissé échapper ou n’a pas su faire ressortir. Le plus grand secret de l’art sera de maintenir, sous ce rapport, un heureux milieu, entre de telles esquisses et l’imitation fidèle de la nature. Tels sont, par exemple, les portraits du Titien. Ils nous offrent l’aspect de l’individualité et nous donnent l’idée de la vitalité spirituelle à un degré qui n’est pas dans la physionomie réelle. Il en est ici comme de la description des grandes actions et des grands événements par un véritable historien, par un historien artiste, qui nous en retrace une image d’une bien plus haute vérité que ne le serait le spectacle même de la réalité. La réalité est surchargée de faits accessoires, de circonstances accidentelles qui offusquent la vérité, de sorte que souvent on peut dire que les arbres nous cachent la forêt. Souvent aussi, ce qu’il y a de plus grand passe sous nos yeux comme un événement ordinaire et journalier. Ce qui fait les grands événements et les grandes actions, c’est le