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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/480

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son développement historique.

Virgile, à travers l’Enfer et le Purgatoire, voit les supplices les plus terribles et les plus affreux. Il se trouble, souvent même il fond en larmes ; mais il continue sa marche, tranquille et consolé, sans cris ni angoisses, sans dégoût ni amertume. — Cela ne doit pas être. — Il y a plus : ses damnés, dans l’Enfer, jouissent, au moins, du calme de l’éternité. Io eterno duro est écrit sur la porte de l’Enfer. Ils sont ce qu’ils sont, sans regrets et sans désirs. Ils ne parlent pas de leurs tourments. Ces tourments nous émeuvent, et eux presque pas ; car ils durent éternellement. — Ils ne sont occupés que de leurs pensées et de leurs actions, fermes, constants dans les mêmes intérêts, sans se plaindre, sans rien désirer. Si l’on a saisi ce trait d’indépendance et de liberté heureuse de l’ame dans l’amour, on comprend le caractère des grands peintres italiens. Dans cette liberté, ils traitent en maîtres les particularités de l’expression et de la situation. Sur les ailes de la paix intérieure il leur est donné de placer au-dessus de la forme, de la beauté, de la couleur réelles. Dans la représentation la plus déterminée de la réalité et du caractère, lorsqu’ils restent tout-à-fait sur la terre, ou ne paraissent souvent donner que des portraits, ce sont des figures d’un autre monde qu’ils créent, d’un monde éclairé par un autre soleil, où règne un autre printemps. Ce sont des roses qui, en quelque sorte, fleurissent dans le ciel. Ainsi, dans la