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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/479

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peinture.

sans qu’il s’y mêle la plus légère dissonance, le plaisir de la voix elle-même semble résonner dans chaque partie et chaque mode du chant et de la mélodie ; de même aussi c’est une pareille satisfaction intérieure de l’ame, absorbée par l’amour, qui est le ton dominant de leur peinture. Nous retrouvons la même sensibilité exquise et profonde, la même clarté, la même liberté, dans les grands poètes italiens. Déjà la répétition savante des rimes dans les tercets, les canzones, les sonnets et les stances, ce son harmonieux, qui ne satisfait pas seulement le besoin de l’égalité dans la simple répétition, mais qui conserve l’égalité jusqu’à trois fois, est un libre accord qui, dans son cours rapide, se déroule naturellement pour lui-même, pour sa propre jouissance, La même liberté se révèle dans les sujets d’un genre élevé. Dans les sonnets de Pétrarque, dans ses sextines, ses canzones, ce n’est pas la possession réelle de l’objet auquel aspire le désir du cœur qui est le véritable but. Aucune pensée, aucun sentiment, ne s’adresse sérieusement à l’objet ou à la chose dont il s’agit et ne révèle le besoin de la possession. L’expression elle-même est la jouissance. C’est le jouir de soi-même de l’amour, qui, dans sa tristesse, ses plaintes, ses descriptions, ses souvenirs et ses fantaisies, cherche sa félicité. C’est un désir qui se satisfait comme désir, et qui déjà, dans la seule image, la pensée de l’objet aimé, est en possession de l’ame avec laquelle il aspire à s’unir. Dante, aussi, conduit par son maître